TÉMOIGNAGES
Nous sommes heureux de partager certains des commentaires positifs reçus des participants qui ont assisté à la conférence en mai 2018, y compris des réactions à des panels, des recherches et des activités spécifiques.
Ahmed Hamila, Université de Montréal
Si j'ai participé autant de fois à ce congrès, c'est qu'en tant que jeune chercheur, j'y ai facilement trouvé ma place. Effectivement, à chacune des éditions du congrès, mon sentiment d'appartenance à cette communauté de chercheurs n'a arrêté de s'accroitre, me permettant de faire connaître mon travail et de l'approfondir grâce aux commentaires constructifs et bienveillants reçus, mais également , d'étoffer mon réseau parmi les plus grands spécialistes canadiens en études européennes.
À chaque édition du congrès, il est de coutume de lancer les hostilités avec les activités organisées par le Réseau des jeunes chercheurs (YRN). Entité officielle intégrée à l'ECSA-C depuis 2004, le YRN s'est constitué avec pour objectif principal d'encourager le partage de connaissances parmi les doctorantes et jeunes spécialistes en études européennes, et pour les assister dans leur développement professionnel. Cette année, deux tables rondes ont été organisées, l'une intitulée Multitâches pendant le doctorat. et l'autre rédigé Sensibilisation, engagement communautaire et médias sociaux pour les universitaires en herbe. Ces activités ont constitué un formidable espace pour un échange à bâtons rompus entre chercheurs établis et jeunes chercheurs autour de thématiques telles que la conciliation des différentes exigences auxquelles les jeunes chercheurs doivent répondre et la gestion de la pression toujours plus importante à laquelle ces derniers doivent faire affronter.
La place des jeunes chercheurs lors des congrès de l'ECSA-C n'est pas circonscrite aux activités du YRN, loin de là. Effectivement, à chaque édition du congrès, plusieurs panels sont organisés sur l'initiative de doctorantes et jeunes spécialistes et appuyés (notamment financièrement) par le comité organisateur. Ainsi, lors de cette douzième édition du congrès de l'ECSA-C, j'ai eu le plaisir, avec ma collègue doctorante Juliette Dupont, d'organiser un panel intitulé Policing the Body: Gender, Sexuality and the Politics of Mobility. Ce panel aura été l'occasion de discuter l'un des chapitres empiriques de ma thèse et de développer des liens avec d'autres doctorants qui s'intéressent à des problématiques similaires aux miennes.
Outre ces panels qui permettent de mettre en avant le travail des jeunes chercheurs, pendant le congrès plusieurs doctorantes et jeunes spécialistes ont été invités à enregistrer une courte vidéo qui expose leur recherche en cours dans le cadre du projet EUCAnet. Initié en 2004 par l'ECSA-C et le programme d'études européennes de l'Université de Victoria, EUCAnet est une plateforme en ligne qui répertorie les experts canadiens en études européennes. Prendre part à EUCAnet permet aux jeunes chercheurs d'accroitre leur visibilité auprès des spécialistes de leur champ, mais également auprès des médias canadiens qui font souvent appel aux experts deEUCAnet pour discuter des actualités liées à l'Union européenne et à l'Europe plus généralement .
En somme, mon expérience lors de cette douzième édition du congrès de l'ECSA-C a été profitable à plusieurs égards, c'est donc avec impatience que j'assiste à la treizième édition à Edmonton en 2020.
Aleksey Asiryan, Université York
J'ai pleinement apprécié la conférence de trois jours au cœur du centre-ville de Toronto, qui a été, selon moi, un véritable succès et très bien organisée. J'ai personnellement bénéficié de cet événement en tant que chercheur en herbe et étudiant intéressé par les affaires européennes contemporaines. L'aspect le plus intéressant pour moi a été de participer à cette discussion aux côtés d'autres étudiants, chercheurs et universitaires renommés du monde entier. La conférence a couvert une grande variété de sujets intéressants et de discussions sur des questions importantes auxquelles l'Europe est confrontée aujourd'hui.
Plusieurs des panels auxquels j'ai assisté ont été très instructifs et utiles pour mes propres recherches. La session 2B sur les changements dans les relations de l'UE avec les États voisins a mis en lumière certaines des approches de l'UE en matière d'élaboration de la politique étrangère ainsi que différentes stratégies de réponse aux crises. J'ai intégré certaines des idées, sources et méthodes discutées au cours de cette session dans mon propre document de recherche sur l'UE, la Chine et l'Asie centrale, que j'ai présenté à l'atelier UNU-CRIS le mois suivant. L'une des critiques courantes discutées lors du panel était la position de l'UE Les changements politiques sont lents et les décideurs politiques ne parviennent pas à s'adapter aux réalités sociales, politiques et économiques. Joan DeBardeleben et Aidar Dossymov ont notamment fait valoir que les changements de politique de l'UE suite à la crise ukrainienne ont été très limités et se sont demandé si l'UE avait tiré des leçons de cette crise. Le deuxième article d'Irena Mnatsakanyan a également mis en évidence l'incohérence des mécanismes de gestion de crise de l'UE dans le Caucase du Sud. Les trois premiers articles m'ont particulièrement aidé dans mes propres recherches, car j'ai établi de nombreux parallèles avec mes propres conclusions sur les revers politiques de l'UE en Asie centrale. En outre, la session a généré une discussion très intéressante sur l’orientation future de la politique étrangère de l’UE.
D’une manière plus générale, il était également très rafraîchissant de voir de nombreux jeunes universitaires canadiens et européens discuter de questions contemporaines, comme le populisme de droite, le Brexit, l’euroscepticisme, les mouvements anti-immigration, le genre et la sexualité, entre autres. Il y avait plusieurs intervenants qui a souligné l’importance des médias face à la montée des idées d’extrême droite en Europe et la responsabilité morale de l’UE de répondre à ce défi.
Cette conférence m'a surtout donné l'occasion de nouer des contacts avec d'autres chercheurs dans mon domaine et d'échanger des idées autour d'une cuisine délicieuse et de paysages époustouflants. C'était l'une des rares conférences auxquelles j'ai assisté qui couvrait une telle variété de sujets et maintenait un haut niveau de qualité. d'organisation à tous les niveaux.
Colleen Williams, Université York
Ce qui était intéressant dans cette conférence, c’est que des sujets tels que la citoyenneté, les systèmes électoraux, les femmes de couleur et plus généralement le genre sont des questions qui touchent à tous les domaines universitaires et à tous les pays. Une séance qui m’a particulièrement marquée et qui m’a beaucoup touchée en tant que femme dans un monde encore fortement « centré sur les hommes » était celle intitulée « Les implications sexistes et racialisées de la politique de l’UE ».
Les intervenants de ce panel ont abordé la question du genre dans différents secteurs de notre vie, comme le travail, l’éducation et l’immigration. La question de l’inégalité des sexes, qui, selon moi, est encore répandue dans nos sociétés d’aujourd’hui, a été abordée par Elaine Weiner et Akaysha Huminski. Weiner a noté qu’il restait beaucoup à faire pour trouver des solutions à l’égalité des sexes. Elle a mis en évidence la question du privilège masculin et le fait que l’inégalité des sexes tend à se concentrer sur les femmes. Elle a souligné que la responsabilité devrait incomber à la fois aux hommes et aux femmes, réfléchissant davantage aux défis, dans ce qu’elle a appelé « le réseau complexe des relations », de la définition du genre. Elle a donné des exemples de cette ligne floue entre les « problèmes » des hommes et des femmes, notant par exemple que la victimisation des hommes et des garçons est absente car ils sont normalement considérés comme les auteurs des sévices ; et que notre système éducatif crée également ces divisions. Elle nous a mis au défi, en tant que public, de réfléchir à la façon dont la dynamique du genre évolue et doit encore évoluer dans les domaines dans lesquels nous nous engageons.
Mme Huminski a introduit dans la discussion ce que j'appellerai le « phénomène séculaire » du travail et des rôles sexués. La profondeur de ses recherches et l'analyse comparative qu'elle a apportée étaient très admirables. Ses recherches ont porté sur le modèle de l'homme soutien de famille dans les États providence d'Allemagne et de Suède. L'Allemagne, a-t-elle noté, ressemblait davantage à la société de l'homme soutien de famille, où les hommes jouaient un rôle plus dominant dans la population active. Plus de la moitié des femmes en Allemagne travaillaient à temps partiel et avaient une rémunération inférieure à celle de leurs homologues masculins. En revanche, la Suède a montré une redéfinition des rôles sexués. On en a vu des exemples dans le modèle du « double soutien de famille », le congé parental pour les hommes et les femmes, les écarts de rémunération entre les sexes et l'augmentation de l'emploi des femmes dans la fonction publique. J'ai trouvé cela étrange, surtout compte tenu des progrès que la Suède semble avoir réalisés dans la recherche de l'égalité entre les hommes et les femmes.
La présentation de Jess Guth et Jeremy Bierbach a cependant piqué ma curiosité, probablement parce qu’elle était liée au domaine de l’immigration auquel je suis plus sensible. Guth a soulevé des points cruciaux tels que la question de l’immigration et de la sécurisation et l’idée d’une « forteresse Europe ». Guth note que les droits fondamentaux des immigrés sont absents tant qu’ils ne sont pas dans le discours de l’UE, montrant ainsi à quel point le genre est invisible dans la loi et la politique. Il est également intéressant de noter le problème auquel sont confrontées les femmes demandeuses d’asile et celles qui sont confrontées à des grossesses à haut risque. Elle a souligné un point central dans le domaine de l’immigration : les pays les plus développés comme l’Europe se préoccupent davantage des risques pour la sécurité plutôt que d’évaluer les migrants individuels et leurs besoins. Guth a souligné que cela changerait la façon dont ils sont perçus, par exemple en tant que terroristes, pour avoir un impact positif sur leur acceptation et leur assimilation en Europe.
La présentation de Bierbach a déplacé le champ d'action de l'immigration et de la sécurité vers des questions telles que l'égalité transfrontalière, où les contestations du mariage homosexuel deviennent un problème dans certains pays. Il note que les gens traversent désormais les frontières par amour et ont tendance à se déplacer vers des pays qui sont plus favorables à leur sexualité. Les États-nations jouent un rôle dominant dans la vie de leurs citoyens et même des non-citoyens, une question que Bierbach met en évidence en se demandant si les États répriment la vie familiale de leurs citoyens en discriminant contre les mariages homosexuels. Il note en outre que l'UE est considérée comme plus favorable à ces « familles non traditionnelles ».
Certains des thèmes centraux qui, selon moi, devraient être mis en avant par ces intervenants sont l’idée du travailleur « idéal », la race et le genre comme éléments invisibles dans les documents politiques, les désavantages des groupes sexués, par exemple, les hommes migrants par rapport aux femmes migrantes et les femmes privilégiées par rapport aux femmes non privilégiées. Cela nous amène à nous demander : « Comment pouvons-nous encadrer le concept de genre pour ne pas perdre de vue le « masculin » et le « féminin » ? Où traçons-nous les limites ? »
Anne-Marie Houde, Université de Montréal
En tant qu'étudiante de première année à la maîtrise, le fait d'avoir pu participer à une conférence aussi importante que celle de l'ECSA-C a été une expérience incroyable, d'autant plus qu'il s'agissait du premier événement de ce genre auquel je prenais part. Comme étudiante de science politique avec un intérêt très marqué pour les études européennes, je trouve formidable qu'une association comme l'ECSA-C existe et fasse rayonner le champ en dehors de l'Europe, et particulièrement au Canada. L'organisation de conférences comme celle que nous avons eu la chance de vivre cette année à Toronto est d'ailleurs l'occasion parfaite pour les chercheurs de tous niveaux de partager leurs connaissances et de faire des rencontres entre résidents des deux côtés de l' Atlantic.
J'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs panels en plus de participer à celui sur le Voting Behaviour and The Politics of Perception, mais j'admets que deux des panels m'ont particulièrement marqués. D'abord, celui sur le populisme de droite en Europe de l'ouest était on ne peut plus intéressant pour moi qui m'intéresse à ces questions. Ce sujet étant depuis les dernières années très d'actualité en Europe comme dans le reste du monde, il était intéressant de voir les recherches qui ont été effectuées, notamment dans une dimension comparative puisque certains des travaux présentés se concentrent sur un seul pays en particulier. . J'ai également trouvé les commentaires donnés par l'auditoire très pertinents et j'ai d'ailleurs appliqué certains d'entre eux à ma propre recherche qui touche exclusivement le populisme de droite en Europe. Le deuxième panel m'ayant marqué est celui intitulé Policing the Body: Gender, Sexuality and the Politics of Mobility. Contrairement à ce que laisse présager son titre, ce panel s'est déroulé en français, ce que j'ai trouvé très bien pour une conférence canadienne. Outre cela, j'ai pensé que les travaux qui avaient été présentés sur ce panel étaient tous d'une qualité remarquable et même si d'emblée les politiques de genre et de migration ne sont pas des sujets sur lesquels je travaille, j'ai été vraiment impressionnée par les designs de recherche présentés. Les entrevues réalisées sur le terrain et les études de cas sont définitivement marquantes et j'espère pouvoir lire les produits finaux dans des publications.
Somme toute, ma participation à la conférence de l'ECSA-C 2018 s'est révélée enrichissante et substantiellement en rencontres et je tiens à remercier l'équipe de l'organisation de donner à des étudiants et des jeunes chercheurs comme moi-même la chance de pouvoir présenter des travaux dans un événement d'une telle envergure.
Nouri Rupert, Université de Montréal
Cette rencontre de l'ECSA-C a été une opportunité incroyable et une rencontre entre l'Amérique du Nord et l'Europe. En plus de rencontrer des collègues que nous n'aurions peut-être jamais rencontrés ailleurs, l'ECSA-C m'a permis de progresser par rapport aux attentes de la recherche académique de haut niveau. Le plus marquant pour moi a été l'attention portée à la question de genre, lors du panel pour les jeunes chercheurs. Il s'agit là du premier colloque international auquel j'ai assisté où on a accordé une sensibilisation marquée aux inégalités de genre dans notre milieu professionnel.
Le propos portait sur la conciliation entre recherche et maternité/paternité. Ces sujets sont généralement absents des conférences de sciences sociales et sciences politiques. Avec son parcours personnel, une femme chercheuse a pu toucher un grand nombre de femmes et d'hommes concernés par la question, mais également des chercheurs qui ne se posaient jamais la question. J'ai vraiment apprécié cela puisque je suis chercheur en Etudes Genre et Théories Féministes. A coté de cela, nous avons reçu des conseils par rapport à la rédaction de la thèse, aux conseils pour publications. L'ECSA-C avait choisi de faire une conférence en petit groupe donc la parole était simple à écouter ou pour poser des questions.
L'ECSA-C accorde beaucoup d'importance aux travaux des jeunes chercheurs. J'ai pu assister à un panel dans lequel des étudiante.es européennes.es et canadiennes.es avaient travaillé ensemble sur un projet. L'ECSA-C rend possible la coopération entre universitaires et donne sa chance aux étudiants.es de niveau Master. Les enjeux migratoires et de coopération entre Europe et Amérique étaient également présents, afin de faire le lien entre les débats politiques actuels et la conceptualisation théorique.
Enfin, je tiens à remercier les responsables d'atelier pour leur implication. J'ai pu participer à un panel « Policing the Body: Gender, Sexuality and the Politics of Mobility », un panel de jeunes chercheurs.es, dans lequel Laurie Beaudonnet a vraiment pris le temps de lire les communications, de les analyseurs et nous donner des conseils précieux pour améliorer le travail.
Ce panel sur le genre, la migration et la politique publique a permis de se faire rencontrer des sociologues et des politistes afin de discuter des différentes échelles d'analyses de situations complexes : de la sociologie de l'État à la sociologie des acteurs et des organisations internationales. Cela permet de produire des travaux interdisciplinaires et surtout avec des méthodologies d'enquête diverses (recherche par interview des acteurs ou recherche « top-down »). Ce panel a été un espace de rencontre entre chercheurs universitaires et acteurs de terrain, indispensable, qui permet le dialogue permanent entre recherche et action.
Laura Sanchez-Martinez, Université de Waterloo
Heureusement, je suis tombé sur la 12e conférence biennale de l'Association des études communautaires européennes-Canada, l'ECSA-C, qui prévoyait de se concentrer sur des domaines tels que l'unité, la diversité et le populisme dans l'UE et qui cherchait des sujets à aborder dans ces domaines. C'est avec enthousiasme que j'ai soumis mon domaine d'étude actuel pour examen, intitulé : La politique d'immigration en France 2013 : le cas des Roms en tant que minorité ethnique.
Ce n’est qu’en février 2018 que les candidats ont reçu une réponse ; dans mon cas, il s’agissait d’une notification d’acceptation. À partir de là, j’ai commencé à préparer ma conférence. Heureusement, le processus suivi par l’Université York était clair et facile à comprendre ; il n’y avait pas beaucoup de confusion dans les instructions et si vous aviez une question, la réponse était presque immédiate. Cette base et cette fiabilité ont continué à éclairer le chemin inconnu sur lequel je me trouvais. Enfin, le jour de la conférence est arrivé. Le lieu : l’hôtel Hilton. Date : du 9 au 11 mai. La première journée a semblé passer à toute vitesse, et après la conférence principale, pendant les rafraîchissements, j’ai pu rencontrer un autre chercheur et nous avons découvert que nous parlions la même langue maternelle. Ce fut une excellente occasion d’échanger des idées et des expériences. Malheureusement, nos présentations ont eu lieu à la même heure et au même jour, mais nous avons échangé des contacts et nous nous sommes souhaité bonne chance.
Le deuxième jour de la conférence a été rempli de tables rondes et de présentations intéressantes. J’ai pu assister à des sessions qui correspondaient à mes intérêts professionnels et personnels, notamment. Cela m’a également offert une occasion bienvenue de réviser mon français. J’ai été particulièrement captivée par l’une d’entre elles, animée par « Sauteur de barrière » d’Elsa Tyszler. Elle offrait un contraste intéressant avec le scénario de mon pays natal, le Mexique. J’ai même eu la chance de rencontrer Elsa pour partager des discussions et des expériences. Enfin, le troisième jour, c’était mon tour. J’ai fait une présentation et j’ai reçu des informations précieuses de la part du Dr Willem Mass, intervenant, des panélistes et du public. Les conseils que j’ai reçus étaient à la fois stylistiques et axés sur le contenu. Cela m’a donné une nouvelle perspective sur mes recherches qui continue d’influencer mon écriture.
Au final, le chemin à travers la forêt est devenu de plus en plus clair. Je peux dire que j'ai non seulement élargi mon réseau de soutien, mais que j'ai aussi acquis une perspective alternative et un itinéraire dans la forêt de mes recherches.
Sabrina Paillé, Sociologie, Université York
En mai 2018, j'ai participé pour la première fois à la conférence bi-annuelle d'ECSA-C à Toronto. Le thème de la conférence, « Unité, diversité et populisme », rejoignait mes recherches sur les réactions anti-immigration en Europe. J'ai participé à un panel sur le populisme de droite en Europe de l'Ouest et j'y ai présenté mes travaux sur le mouvement anti-Islam Pegida en Allemagne. Acronyme pour Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes – ou « Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident » -, Pegida est un mouvement populaire issu de la ville de Dresde qui mobilise entre autres des gens issus de la classe moyenne qui se caractérise comme des « citoyens », ordinaires qui ne s'identifient pas essentiellement à l'extrême-droite et qui se distancient avec insistance des groupes néo-nazis. Dans ma présentation, je soutenais que contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne s'agit pas – ou du moins pas seulement – d'un mouvement des « perdants de la mondialisation ». Les partisans de Pegida ont plutôt peur pour l'avenir. Ils se perçoivent comme étant en voie de précarisation et craignent que l'immigration ne leur fasse perdre leur identité. Le commentateur Francisco Beltran a souligné un parallèle avec de récentes études animées américaines qui indiquent que les citoyens ayant voté pour Donald Trump ne sont pas principalement par des inquiétudes d'ordre économique, mais plutôt par la peur d'une marginalisation culturelle et d'une perte de statut. La discussion a ainsi attiré l'attention sur la dimension transatlantique du populisme et la nécessité de l'étudier dans une perspective globale et comparative.
Lors de la conférence à Toronto, je me suis jointe au conseil d'administration du Réseau des Jeunes Chercheurs d'ECSA-C pour un mandat de deux ans. Le Réseau des Jeunes Chercheurs a pour objectif de favoriser les échanges entre universitaires en début de carrière, notamment à travers l'organisation d'ateliers et d'activités de développement professionnel. L'atelier de cette année, organisé par le conseil d'administration sortant, portait entre autres sur l'utilisation des médias sociaux dans la mobilisation et la diffusion des connaissances. Les intervenant.es ont souligné l'importance croissante des nouvelles technologies pour se faire connaître comme chercheur.es. En ce sens, j'ai beaucoup apprécié l'initiative de Beate Schmidtke d'offrir la possibilité aux membres du Réseau des Jeunes Chercheurs de produire un profil vidéo pour EUCAnet.org. Avec Pablo Ouziel (Université de Victoria) et Johannes Müller-Gomez (Université de Montréal), nous formons une équipe motivée et déterminée à construire une communauté interdisciplinaire et bilingue d'étudiant.es gradué.es et de jeunes chercheur.es travaillant dans le champ des Études européennes à travers le Canada.
John Hayes, Université York
Travailler à la conférence ESCA-C a été une expérience incroyablement bénéfique pour moi, étudiant diplômé en science politique. J’ai constaté que la conférence couvrait la plupart, sinon la totalité, des sous-domaines disciplinaires de la science politique ainsi que d’autres disciplines des sciences sociales. Tout au long des trois jours de conférence, j’ai eu le privilège d’entendre une sélection diversifiée de chercheurs dans des panels allant de la théorie à la politique publique comparée, aux relations internationales et à l’administration publique, qui sont tous des domaines qui m’ont particulièrement intéressé. Étant donné que mes recherches de troisième cycle étaient relativement naissantes au moment de la conférence (j’étais un étudiant en maîtrise toujours engagé dans des cours), assister à des panels et interagir avec des chercheurs chevronnés a été éclairant pour ma réflexion personnelle continue sur la direction que je pourrais prendre au niveau du doctorat. De plus, comme mes recherches sont axées sur l’Amérique latine, l’accent européen a mis en avant une littérature utile et plusieurs approches théoriques que je n’avais pas encore rencontrées dans mes cours jusqu’à présent. J’ai réalisé que la spécificité régionale n’est qu’une composante du fait d’être un chercheur régional et que mes recherches sur les Amériques partagent beaucoup plus que ce que je pensais auparavant avec d’autres études régionales.
D’un point de vue empirique, l’ECSA-C s’est intéressée aux problèmes et aux processus actuels de changement politique qui se déroulent en permanence : les thèmes de la migration, de la polarisation politique, de l’incertitude du commerce multilatéral et de la gouvernance à l’ère Trump, de la montée du populisme, du Brexit, des défis au sein de la cohésion de l’UE, et bien d’autres encore. L’avantage inné de participer à des panels et de rédiger des synopsis a donné aux étudiants diplômés comme moi-même un cours intensif enrichissant sur l’approche académique de l’examen des processus de changement rapides. En tant qu’assistants de conférence, nous avons été chargés de coordonner et de maintenir la présence sur les médias sociaux (Twitter et Instagram, principalement), qui a été accueillie avec enthousiasme par de nombreux participants et présentateurs sous le hashtag #ECSACTORONTO.
Au-delà des panels, j'ai été impressionné par la programmation complémentaire de l'ECSA-C. Par exemple, la table ronde sur la perte de confiance dans les médias, à laquelle ont participé des journalistes et des experts des médias de premier plan, dont l'un de mes journalistes canadiens préférés, Doug Saunders. De plus, la présence de l'ambassadeur d'Allemagne au Canada et d'un député allemand a été une expérience inattendue et unique, car je n'avais jamais assisté à une conférence en présence de diplomates.
Dans l’ensemble, j’ai eu une expérience très positive en travaillant à l’ECSA-C, ce qui a renforcé l’importance d’assister à des conférences en tant qu’étudiant diplômé, même sans avoir à présenter. J’encourage vivement les futurs étudiants à participer de toutes les manières possibles. Merci aux présentateurs et aux organisateurs qui ont fait de l’ECSA-C 2018 un succès !
Stephan Fortin, Université York
En mai dernier, j’ai eu le plaisir de participer à la conférence biennale de l’ECSA-C à Toronto, en aidant les participants à se rendre à leurs tables rondes et en participant moi-même à certaines d’entre elles. Bien que mes recherches ne soient pas directement liées aux études européennes, j’ai trouvé mon expérience à la conférence utile et intéressante. La conférence de l’ECSA-C a été ma première expérience de participation à une conférence universitaire et j’ai beaucoup appris sur la fonction et la valeur des conférences, ainsi que sur la façon dont elles structurent le travail des universitaires. J’avais compris que le travail universitaire était un cycle essentiellement solitaire de recherche, d’évaluation par les pairs et de publication. Dans la mesure où je comprenais ce qu’étaient les conférences, je pensais qu’elles étaient principalement des lieux où les participants et les étudiants pouvaient en apprendre davantage sur les nouvelles idées dans leur domaine, mais je ne comprenais pas l’intérêt pour les présentateurs, ni que, pour la plupart, les présentateurs et les participants étaient les mêmes personnes.
Le 10, j’ai assisté à une table ronde intitulée « Social Democracy and Crises » (Démocratie sociale et crises), où j’ai été fasciné par le travail des chercheurs présents. J’ai été à nouveau impressionné lors des tables rondes suivantes, où ces mêmes chercheurs ont utilisé la partie questions-réponses pour poser des questions qui concernaient leur propre travail tout en abordant le sujet abordé. De cette façon, j’ai compris que les conférences sont des occasions d’apprendre de nouvelles idées à la pointe d’un domaine, une chance d’ouvrir ses propres idées à la critique, ainsi qu’une chance de mettre ses recherches en dialogue avec celles des autres pour le bénéfice des deux parties. Mes propres recherches ont bénéficié de cette conférence, car j’ai constaté l’importance de relier la recherche aux tendances de l’actualité et du domaine. Les tables rondes sur la montée du populisme de droite et sur les régimes frontaliers et les politiques d’asile étaient particulièrement dynamiques, car leurs sujets semblaient accessibles et pertinents. Le fait d’examiner la recherche à travers des questions contemporaines a également permis d’établir des liens entre des types d’analyse apparemment différents en les faisant dialoguer sur un point saillant.
Lors de la table ronde sur les régimes frontaliers, des déconstructions plus abstraites de concepts tels que « réfugié » et « droits » ont partagé l’espace avec des écoles de pensée qui opéraient dans le cadre des hypothèses sur les frontières et les politiques pour formuler des pronostics et des évaluations politiques. Au lieu d’être cloisonnées dans différentes catégories de recherche ou d’être présentées comme incompatibles, ces approches ont été présentées ensemble et ont de nouveau été mises en dialogue les unes avec les autres.
Lorsque je suis retourné à mes propres recherches, j'ai vu avec curiosité ce que mes pairs et collègues me demanderaient sur mon approche et mes découvertes dans le cadre d'une conférence, ainsi que les questions que je pourrais poser sur les approches des autres pour enrichir mon propre travail.
Andrew Jones, Université York
Cette année, j'ai eu le plaisir d'assister à la conférence de l'European Community Studies Association à Toronto. J'y ai présenté mes recherches sur l'influence des penseurs d'extrême droite européens sur la montée du populisme en Europe et en Amérique du Nord. Si cette présentation s'est très bien passée, le point culminant de la conférence pour moi a été les panels du réseau des jeunes chercheurs le premier jour.
En tant que jeune doctorant, j'ai constaté que la plupart des conférences auxquelles j'ai assisté m'ont jeté dans le grand bain. Après avoir reçu des conseils vagues tels que « réseautez » ou « publiez » de la part d'universitaires qui n'avaient pas été sur le marché du travail depuis que j'étais à l'école primaire, je ne m'attendais pas à grand-chose. J'ai donc été époustouflé lorsque l'ECSA a fait tout son possible pour aider les jeunes universitaires tout au long de la conférence. L'événement du réseau des jeunes chercheurs (YRN) du premier jour a été fantastique et de loin le meilleur conseil professionnel que j'ai reçu de toute l'année.
Les conseils d’universitaires ayant des obligations familiales et relationnelles comme Heather MacRae et Pablo Ouziel sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée m’ont rassurée : être universitaire ne signifie pas être un ermite dans un bureau de département. Les conseils sur la façon d’équilibrer les horaires chaotiques et la vie personnelle m’ont aidée. L’anecdote d’un directeur de département annonçant qu’une réunion du personnel se terminerait à l’heure, afin qu’il puisse aller chercher ses enfants à la garderie, était rafraîchissante. Cela m’a personnellement motivé à arrêter de laisser les universitaires prendre tout mon temps libre qui devrait être consacré à mes amis et à ma famille. J’aurais dû me rendre compte que ma présence sur les réseaux sociaux était importante pour le réseautage et la construction d’un réseau universitaire et professionnel, mais ce n’est que lors du panel sur les réseaux sociaux pour YRN que j’ai réalisé à quel point cela pouvait être utile. Je n’avais jamais vraiment pensé à produire une courte vidéo résumant mes recherches ou à avoir un pitch prêt à l’emploi à présenter aux médias. Comme l’ont souligné Oliver Schmidtke et Kim Chorong, partager mon profil de recherche avec la presse signifie que je peux partager mes recherches avec un public plus large plutôt qu’avec seulement des universitaires de mon sous-domaine. Depuis lors, je suis à l’affût des journalistes et des médias qui pourraient utiliser mon expertise, en plus de me connecter avec d’autres universitaires sur les réseaux sociaux. Le conseil pour YRN était rafraîchissant car il ne s’agissait pas seulement du conseil général de « nouer des contacts avec les médias » ou de « publier sur Twitter », mais plutôt d’une explication détaillée des différents sites Web, applications et réseaux que je pouvais utiliser en tant qu’universitaire. La création de profils sur Research Gate et H-Net, deux sites que j’ai découverts grâce à l’ECSA, m’a même aidé à transformer l’un de mes résumés de conférence en un prochain chapitre de livre !